Jetons de l'Ancien Régime

Jetons de l'Ancien Régime

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Trésor royal
Trésor royal :



cuivre ; 28 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur : Jean Duvivier

daté 1732. ; signé DU VIVIER

réf. F.2033 / L .1718 / G.P.550j

collection personnelle



a/ buste drapé & lauré du roi à droite ; signature " DU VIVIER " dessous ;


titulature " LUD. XV. REX - CHRISTIANISS. "



r/ une entrée de mine à flanc de colline avec trois mineurs, l'un piochant à l'intérieur, le second poussant une brouette chargée de paniers de minerais, le dernier portant un panier de minerais sur le dos ; à l'exergue sur deux lignes " TRESOR ROYAL / 1732. "


légende " INEXHAUSTIS GENEROSA METALLIS "



Le Trésor royal avait pour principale prérogative de centraliser les recettes de l'état issues des revenus domaniaux et des diverses taxes & impôts et d'organiser leur redistribution aux administrations chargées de gérer les dépenses de l'état et du roi. C'est Philippe IV le bel qui est à l'origine de la création de la Chambre du Trésor royal ; d'abord par la création en 1295 de la charge de trésorier de France, mais surtout par le transfert en 1302 de son trésor, confié jusque là à la garde des chevaliers du Temple, vers le château du Louvre. Ce geste politique fort institua de fait la mainmise directe du roi sur les finances de l'état avec l'aide des trésoriers de la Chambre du Trésor. Le buste ornant ce jeton apparaît en 1732 et ne semble avoir été utilisé que durant quelques années. Certains auteurs ont vainement tenté d'identifier la mine représentée au revers et beaucoup ont voulu y voir celle de Melle dans les deux-Sèvres. Le problème est que l'entrée de la mine de Melle ne présente pas cet aspect et que, de plus, cette mine a cessé d'être exploitée dans le courant du Xe siècle. Il est donc bien plus probable qu'il s'agisse ici d'une mine idéalisée dont la présence n'est là que pour rappeler que l'exploitation de mines d'argents était à l'origine de la richesse monétaire du royaume.




Chambre des comptes
Chambre des comptes :



laiton ; 28 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur : Étienne Delaune

daté 1566 ; non signé

réf. F.1739 / M. 172 / L. 1492

collection personnelle



a/ écu aux armes de France timbré d'une grande couronne fermée et accosté de deux doubles C adossés-croisés couronnés de lauriers ;


légende " *CAMERAE.COMPVTORVM.REGIORVM. " avec quartefeuille initiale



r/ sainte Catherine d’Alexandrie debout à droite sur un socle marqué d’un C, entourée de rayons célestes et de nuées et tenant une palme et un livre ouvert, cinq têtes coupées posées à ses pieds ; à l'exergue " 15 - 66 " ;


 légende " *SVBDVCENDIS.RATIONIBVS. " avec quartefeuille initiale



Ce même type existe aux millésimes 1565 & 1567. La gravure du revers de ce jeton est attribuée par J. Whiteley à Étienne Delaune, graveur strasbourgeois qui officia à la Monnaie de Paris de 1555 à 1573 (cf J. Whiteley, Catalogue of the Collection of Drawings in the Ashmolean Museum: French Ornament Drawings of the Sixteenth Century, 1996). La présence de sainte Catherine d'Alexandrie au revers de ce jeton reste à ce jour ambigüe puisqu'elle n'a aucun lien clair avec la Chambre des comptes, l'argent ou le calcul. Le fait qu'elle soit représentée tenant la palme des martyrs et le livre ouvert, symbole d'érudition, permet cependant d'en déduire qu'elle est ici figurée en tant que sainte patronne des étudiants et des érudits parmi lesquels on peut inclure les comptables ; mais ce lien est très ténu et rien ne prouve que telle fut la volonté du graveur.




Guillaume Raviot, maire de Dijon
Guillaume Raviot, maire de Dijon :

cuivre ; 30 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur indéterminé

daté 1781 ; non signé

réf. F.10118 / L.6901 / C.4149

collection personnelle



a/ écu ovale aux armes de Dijon dans un cartouche festonné orné de guirlandes végétales et timbré d'une grande couronne fermée ;


titulature " GUILLAUME RAVIOT ECUYER VICOMTE MAYEUR DE DIJON "



r/ écu aux armes de Guillaume Raviot dans un cartouche festonné orné de rinceaux végétaux, timbré d'une couronne treflée et fleuronnée, posé sur un socle en double volute et soutenu par deux lévriers ; date " 1781 " à l'exergue ;


légende " REGI ET PATRIAE FIDELIS " avec A & E liés



Conseiller au parlement & écuyer, Guillaume Raviot est élu maire de Dijon le et démis de ses fonctions au début de l'année 1784 à la suite d'un conflit avec l'intendant de Bourgogne Feydeau de Brou. Il porte d'azur au lévrier d'argent. Les armes de Dijon sont de gueules, au chef parti : au premier d'azur semé de fleurs de lys d'or et à la bordure componée d'argent et de gueules, au deuxième bandé d'or et d'azur de six pièces et à la bordure de gueules.




Chambre des comptes
Chambre des comptes :


laiton ; 27 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur indéterminé

daté 1588 ; non signé

réf. F.1771a / M. 206 / L.1534

collection personnelle



a/ écu aux armes de France timbré d'une grande couronne fermée et ceint du collier de l'Ordre du saint esprit ;


légende " CAMERAE.COMPVTOR.REGIO. "



r/ le roi debout de trois quart à gauche, drapé à l'antique, tenant une lance de la main gauche et présentant une couronne vallaire de la main droite ; date " *1588* " entre deux rosettes à l'exergue ;


légende " SVBDVCENDIS RATIONIBVS* " avec rosette terminale



La couronne vallaire que tend le roi au revers est octroyée à celui qui entre le premier dans un camp ennemi. Il est donc probable que ce jeton commémore une victoire militaire marquée par la prise d'un camp fortifié mais il est impossible de savoir laquelle. La Chambre des comptes avait pour rôle principal de vérifier les comptes des autres administrations et d'une partie des Généralités de France. Elle participait également à l'enregistrement des édits, des contrats & des traités ; au moins pour ce qui concernait leurs volets économiques. Elles regroupait plusieurs charges importantes comme les correcteurs de comptes, les auditeurs & les clercs qui, tous officiaient sous l'autorité du Maître des comptes. Outre la Chambre des Comptes du roi, certaines régions disposaient de leur propre Chambre des Comptes.




Chambre des comptes de Bourgogne - Louis de Laube
Chambre des comptes de Bourgogne - Louis de Laube :



laiton ; 27 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur indéterminé

daté 1569 ; non signé

pas de référence trouvée

collection personnelle



a/ écu aux armes de France dans un cartouche ovale festonné timbré d'une grande couronne fermée et ceint du collier de l'Ordre de saint Michel ;


légende " .PRO.GENTIBVS. - .COMPVTORVM. "



r/ écu aux armes de Louis de Laube dans un cartouche ovale festonné timbré d'un heaume grillagé et lambrequiné à gauche, deux rameaux encadrant la base du cartouche ;


légende " . DE . L OEIL . . L ABVS . 1569 . "



Ce jeton est inédit dans la documentation classique, que ce soit chez Feuardent, Marinèche ou Laurençot. Deux ou trois types proches aux armes de Louis de Laube sont répertoriés mais ils présentent à l'avers les armes de la ville de Dijon, siège de la Chambre des comptes de Bourgogne, au lieu des armes de France. La Chambre des comptes de Bourgogne existait déjà du temps des rois de Bourgogne qui avaient dès l'origine établi son siège à Dijon. En 1319 elle devint la seconde Chambre du royaume et se structura sur le modèle de celle de Paris. L'absence de nom au revers de ce jeton est compensée par la présence des armoiries de Louis de Laube qui porte d'azur au cerf d'or bondissant par-dessus un rocher d'argent à trois coupeaux. Malheureusement, on ne sait que peu de choses de Louis de Laube, si ce n'est que son nom apparaît dans les listes des trésoriers de France. Même ses dates d'exercice nous sont inconnues et seuls deux types de jeton datés à ses armes permettent d'affirmer qu'il était en fonctions entre 1569 & 1572.




Chambre aux deniers
Chambre aux deniers :



laiton ; 27 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur indéterminé

daté 1625 ; non signé

réf. F.2332 / M.2269 / L.2114

collection personnelle



a/ écus accolés de France & de Navarre ceints des deux colliers des Ordres du roi et timbrés d'une grande couronne fermée, un L entre trois couronnelles sous les écus ;

légende " CHAMBRE.AUX. - .DENIERS.DU.ROY. "



r/ une allégorie féminine debout, cuirassée & casquée à l'antique tenant de la main droite une épée couronnée dressée vers le ciel autour de laquelle s'enroule un rameau et de la main gauche une balance couronnée ornée de deux rameaux en sautoir ; date " .1625. " à l'exergue ;


légende " .PRAEBET.VTRAMQVE.TIBI. "



Bien que non signé, ce jeton peut très probablement être attribué à Nicolas Briot. La scène de revers mérite quelques explications car suivant les auteurs son interprétation varie ; certain y voyant Pallas, d'autres Mars et d'autres encore une allégorie de la France. L'allégorie présente d'une part une épée symbolisant la puissance armée et d'autre part une balance, symbole de justice, les deux ornés de rameaux & couronnés. La légende quant à elle se traduit par " elle vous offre les deux ", sous-entendu la puissance militaire gage de paix (les rameaux pourraient donc être d'olivier) et la justice. Or, Pallas n'a rien à voir ni avec la puissance armée ou la guerre ni avec la justice et Mars, s'il peut être associé à la guerre, n'a pas de lien avec la justice. C'est pourquoi, il me semble que les tenants de l'allégorie de la France sont dans le bon ; la scène pouvant dès lors représenter la France qui par sa puissance militaire apporte paix & justice à son peuple. Tout cela bien sûr sous l'égide du roi dont la présence discrète est matérialisée par les deux couronnes timbrant l'épée et la balance. Cette interprétation est de plus en totale adéquation avec la légende qui l'entoure.




Juridiction consulaire de Dieppe - prieur & juges consuls
Juridiction consulaire de Dieppe - prieur & juges consuls :



argent ; 29 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur : Benjamin Duvivier

daté 1758 ; signé DUVIV.FIL.

réf. F.6411 / G.P.636a / L.11244

collection personnelle



a/ tête laurée de Louis XV à droite, les cheveux noués par un bandeau ; signature dessous le long du listel " DUVIV.FIL. " ;


titulature " LUD.AMATISS. - ÆQUI ARBITER "



r/ la Justice trônant à gauche, un rameau d'olivier sur le bras gauche, le bras droit tendu devant elle et tenant une balance ; à l'exergue sur trois lignes " LES PRIEUR ET JUGES / CONSULS DE DIEPPE / 1758 " ;


légende " LIBRATIO CELER ET AEQUA "



Le portrait du roi ornant ce jeton avec cette titulature unique n'a été utilisé que sur ce type. Ce jeton est généralement attribué par les auteurs à la Chambre de commerce de Dieppe mais celle-ci ne fut créée sous ce nom qu'en 1809. Sous l'ancien régime, elle portait le nom de " juridiction consulaire de Dieppe " bien que ses attributions étaient les mêmes que les Chambres de commerce. La Juridiction consulaire de Dieppe fut créée par lettre patente du roi Henri IV en septembre 1589. Elle était dirigée par un prieur et deux juges consuls élus dont le rôle était de régler en première instance les problèmes entre négociants et de veiller à l'application des règles régissant chaque corps de métier. Les juges consuls étaient souvent d’anciens officiers municipaux. Au XVIIIe siècle, ils jugeaient souverainement les litiges portant sur des sommes inférieures à 500 livres ; au-delà, l’affaire relevait des Parlements. Outre le prieur et les juges consuls, la Juridiction consulaire comptait parmi ses membres des assistants, un procureur syndic et des représentants de chaque corps de métier.




Nicolas Bailleul, prévôt des marchands de Paris
Nicolas Bailleul, prévôt des marchands de Paris :



laiton ; 27 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur indéterminé

daté 1626 ; non signé

réf. F.3518 / C.241 / L.3648

collection personnelle



a/ sur un champ semé de fleurs de lys, un écu aux armes de Paris ; date " 1626 " dessous ;


légende intérieure " . NAVIS . REGIA . PARIS "


légende extérieure " DE.LA.2.PREVOSTE.DE.Mre.NICOLAS.DE.BAILLEUL "



r/ une colonne rostrale ornée de six proues de galères au sommet de laquelle se tient le roi debout, casqué & cuirassé à l'antique et tenant une lance de la main droite ; à l'exergue " LVDOVIC.XIII " ;


légende " .FVSA.CLASSE - REBELLIVM. "



La qualité de gravure et la finesse des détails m'inciteraient à attribuer la gravure de ce jeton à Nicolas Briot. Les armes de Paris visibles à l'avers sont de gueules à la nef équipée et habillée d'argent voguant sur des ondes du même mouvant de la pointe, au chef d'azur semé de fleurs de lys d'or La scène du revers commémore quant à elle la victoire en septembre 1625, de la flotte française conduite par le duc Henri de Montmorency, amiral de France, contre la flotte des protestants rochelais près de l'île de Ré. Le roi debout sur la colonne est représenté sous la forme de Mars, dieu de la guerre. Nicolas Bailleul dit " Nicolas de Bailleul " et né en 1586 et fut conseiller au parlement de Paris en 1608, maître des requêtes en 1616, ambassadeur en Savoie en 1619, président du grand Conseil en 1620 et lieutenant civil de Paris en 1621.
C'est à ce titre qu'il fut élu prévôt des marchands à deux reprises en 1621 & 1624. Pendant sa prévôté, il fit achever l'aqueduc Médicis destiné à amener les eaux de Rungis dans les quartiers de la rive gauche de la Seine. Le 25 septembre 1627, il fut reçu président à mortier du parlement de Paris et à peine un an plus tard, il fut nommé chancelier de la reine Anne d'Autriche, il assuma également les charge de ministre d’État et de surintendant des finances de juin 1643 à juillet 1647. Il s'éteignit le 20 août 1652.




Conseil du roi - prise de Montmédy
Conseil du roi - prise de Montmédy :


cuivre ; 27 mm
atelier : Monnaie du Louvre ; graveur indéterminé

daté 1658 ; non signé

réf. F.7823 / L.176

collection personnelle



a/ écu aux armes de France timbré d'une grande couronne fermée et ceint des deux colliers des Ordres du roi ;


légende " .NIL.NISI. - .CONSILIO. "



r/ la forteresse de Montmédy au sommet de son promontoire, un grand lys en fleur au sommet, deux autres sur les pentes ; date " .1658. " à l'exergue ;


légende " .NASCVNTVR.VBIQVE. "



Créé par une ordonnance de Charles VIII en 1497 confirmée par Louis XII en 1498, le Conseil du roi est une assemblée consultative composée d'un ensemble de collèges ayant chacun un champ d'application précis. Le Conseil du roi n'a pas de pouvoir décisionnel, celui-ci demeurant en dernier ressort entre les mains du souverain. Cependant, l'influence du Conseil était prépondérante sur les prises de décisions. La composition de ce conseil a beaucoup varié selon les époques mais ses membres principaux étaient le dauphin (à l'exception des autres princes de sang), des grands du royaumes (laïcs et ecclésiastiques) et des juristes. Ce jeton commémore la prise de Montmédy qui tomba en août 1657 sous l'égide de Vauban et en présence du jeune roi & de son ministre Mazarin. La ville de Montmédy connut une histoire mouvementée, passant successivement sous le contrôle du comté de Chiny, des Pays-bas bourguignon et des Pays-bas espagnol. Suite à la victoire française, la ville fut définitivement rattachée à la France par le traité des Pyrénées de 1659.

 



États de Bourgogne - la paix retrouvée
États de Bourgogne - la paix retrouvée :



cuivre ; 30 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur : Hercule le Breton

daté MDCLXXXVIII ; signé B

réf. F.9821 / L.6584

collection personnelle



a/ écu couronné aux armes de Bourgogne posé sur un manteau d'hermine au revers orné à son tour des armes de Bourgogne ; dessous une double volute ;


légende " .ESTATS.DE - BOVRGOGNE. "



r/ Louis XIV en Hercule debout sur un champ de bataille, vêtu d'une peau de lion et la main droite appuyée sur une massue, un canon, un étendard, un bouclier & deux vaincus gisant à ses pieds ; date " MDCLXXXVIII " à l'exergue, initiale " B " dessous ;


légende " IL.ASSEVRE.MON.REPOS. "



Ce jeton commémore le dizième anniversaire de la signature du traité de Nimègues qui, en 1678, mit fin aux hostilités entre la France d'une part et le Saint Empire & l'Espagne d'autre part et suite auquel la Bourgogne tomba définitivement dans l'escarcelle du royaume de France. La Bourgogne porte un écartelé aux 1 & 4 d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bordure componée de gueules & d'argent ; aux 2 & 3 bandé de six pièces d'azur et d'or à la bordure de gueules.